jeudi 8 janvier 2009

Trente ans plus tard, même combat

Je suis allé voir l'excellent film Milk cette semaine.

D'abord, pour sa prestation géniale (encore une fois, direz-vous), Sean Penn sera assurément en nomination aux Oscars. Le gars est touchant, attachant, émouvant. Il possède son personnage comme pas un et on embarque à fond dans la cause qu'il défend.

Quelle est cette cause? Celle toute simple, mais grandement controversée dans les années 70, de reconnaître les droits équitables des homosexuels. En fait, ceux-ci souhaitaient seulement être reconnus comme des gens normaux et non être constamment pointés du doigt. Dans ce film, brillamment réalisé par Gus Van Sant (Elephant, Paranoid Park), on y voit des images d'archives à donner froid dans le dos. Certains évoquent devant la caméra que l'homosexualité devrait être illégale.

Tout au long du film, Harvey Milk (Penn) tente de faire valoir les droits des gays à travers la Proposition 6. On est à San Francisco en 1978, dans la ville reconnue comme la capitale mondiale des gays, quelques années à peine après le mouvement "peace and love". Normalement, on se dirait que s'il y a bien un endroit où les gays devaient être reconnus, c'était là-bas. Eh bien non. Milk devra se donner corps et âme dans cette cause qu'il chérit tant. En fait, il en donnera même sa vie puisqu'il sera assassiné peu de temps après (ne me lancez pas de roches si vous n'étiez pas au courant de ce dénouement, car on l'indique dès le début du film).

Au-delà des qualités indéniables de ce long métrage, ce qui frappe le plus c'est à quel point notre société n'a pas avancé tant que ça 30 ans plus tard. Oui, sur plusieurs aspects, les gays ont des droits. Mais l'exemple le plus flagrant est la Proposition 8 qui est passée dans certains États américains (dont la Californie, allez savoir). Cette proposition empêche le droit aux gays de se marier. Elle a été votée le 5 novembre 2008, le lendemain de l'élection d'Obama. Le 4 novembre, les États-Unis et le monde entier avaient fait un pas en avant avec la victoire d'un Afro-Américain au poste le plus important de la planète. Le lendemain, on faisait un pas en arrière avec cette Proposition 8 ridicule. C'est à se demander si Harvey Milk n'a pas tout fait ça pour rien.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

allo mon fils , très heureuse de ta critique , j`avais l`intention d`aller le voir bientôt mais je veux aller voir Babine avant car depuis Noel j`écoute la bande sonore du film qui est absolument géniale , du bon Fiori !!!je l`adore ....

Aurélie a dit…

J'ai eu le goût de te lancer des roches, une chance que tu as précisé qu'il le disait au début...Je savais pas qu'il s'était fait assassiné...Tu m'as quand même dévoilé un punch du début!! Mais je te pardonne quand même.

Unknown a dit…

Je dois avouer que ce film est excellent.

PAR CONTRE, certains faits ont été modifiés. Ma soeur a vu le documentaire de 1984 consacré à Milk. Ça se trouve sur YouTube.

1) Milk était réputé pour piquer des crises épouvantables quand quelque chose ne faisait pas son affaire. Dans le film, il est plutôt du genre très conciliant...

2) Une autre femme importante faisait partie de son cabinet, sa "speech coach". Pourquoi elle est nulle part dans le film?

3) Son assassinat ne s'est pas passé tout à fait comme ça. White ne lui a pas tiré dessus tout de suite, ils se sont parlés avant.

Fait chier quand on twiste la vérité juste pour embellir la séquence narrative...

Raphaël a dit…

Eh bien, je n'étais pas au courant de ça, Rich. C'est un peu plate, mais ça arrive souvent, ce genre de truc. Ce n'est pas pour rien qu'ils disent toujours "inspiré de faits vécus". Ils s'en inspirent, mais pas à 100%.

Je vais regarder ça sur Youtube.

Pour sa "speed coach", c'était pas la fille avec les cheveux frisés qui la suivait un peu partout dans le film?

Unknown a dit…

Non, la fille frisée, c'est la campaign manager. Pas pareil.

Milk avait deux filles dans son camp.

Ça n'enlève rien à la qualité du film, remarque. Sean Penn est excellent, et tout le reste de la distribution est très bonne, particulièrement Emile Hirsch.